dimanche 10 février 2008

Caricatures du Prophète / Sketch sur les juifs: une liberté d'expression à deux vitesses



Sans prendre partie pour tel ou tel acte, nous pouvons constater que la liberté d'expression, en France notamment, mais aussi dans l'ensemble des pays occidentaux diffère en fonction du sujet.
- Caricatures de Mahomet
- Sketch sur les juifs
Les arguments avancés sont forts peu convaincants, comme le montre à son insu Thierry Ardisson.
Peut-on encore justifier l'interdiction de toute critique à l'encontre des personnes de confession juive sous le seul argument qu'ils ont été persécutés pendant la Seconde Guerre Mondiale, et critiquer sans problème les deux autres religions du Livre que sont le Christianisme et l'Islam?

jeudi 7 février 2008

« La tactique israélienne est insupportable et inefficace »



Cette vision de Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), est assez révélateur de la situation actuelle à Gaza.
En effet, M. Billion voit en la destruction par les Palestiniens du mur séparant la bande de Gaza et l’Egypte (conséquence de la décision israélienne du 17 janvier d’opérer un blocus total de Gaza), une double action théorique.


1/ L’inefficacité théorique
- Tout d’abord ce geste est symbolique puisqu’il montre l’état de détresse dans lequel sont plongés les habitants de la bande de Gaza et permet ainsi une forte prise en compte médiatique.
Certes, la situation humanitaire n’y est pas nouvelle, en raison notamment de l’embargo commencé au printemps dernier, mais à présent, le Hamas veut tirer la sonnette d’alarme.
Ainsi, les projecteurs sont à nouveau fixés sur Gaza et vont permettre de faire pression sur la scène internationale.
- En effet, la destruction du mur s’analyse aussi comme une action politique dans la mesure où les Nations Unies se voient contraints d’intervenir pour limiter la crise humanitaire.
Le conseil de sécurité devrait ainsi prendre une résolution contraignante pour Israël stoppant ce blocus total.
Mais comme nous l’avons vu précédemment, les Etats-Unis empêchent le bon déroulement de ce processus, en refusant qu’Israël soit mis en cause.


Au delà de cette inefficacité théorique, le blocus israélien institué dans le but d'inciter la population de Gaza à la révolte contre le Hamas, produit l’effet inverse.

2/ L’inefficacité factuelle
Dans les faits, cet emprisonnement des Palestiniens ne pouvait déboucher que sur une haine encore plus grande à l’égard de l’occupant israélien.
- En effet, les habitants de Gaza déjà réduits au minimum vital, (à l'origine de nombreux attentats suicides), n’ont guère de solution viable.
John Ging, directeur des opérations de l'Unrwa, détaille la situation humanitaire à Gaza : «Les gens sont affamés et se radicalisent».
- Comme l’a montré le film « Paradise now » de 2005, les jeunes n’ont plus d’espoir et ne voient pas d’avenir. La seule solution pour eux est de se donner la mort dans un but honorable. Mais loin de toutes les considérations religieuses sur le culte des martyrs et les promesses de doux plaisirs au paradis (l’octroi de 72 vierges notamment), les candidats au suicide pensent en premier au soutien financier qui sera accordé à leur famille. Le martyr met ainsi sa famille dans une situation moins chaotique puisqu’ayant acquis une certaine honorabilité de part ce sacrifice, la communauté se doit de la mettre à l’abri du besoin.



Si seulement cet espoir était réalisable à Gaza…

mercredi 30 janvier 2008

L’ONU : tribune pour les pays arabes ?


La Charte des Nations Unies pose le principe de l’égalité souveraine.
Mais comme dénoncé depuis un certains nombre d’années, il n’en est rien en pratique, au détriment notamment des pays arabes.

1/ L’influence des pays arabes dans les institutions des Nations Unies
a/ Au sein de l’Assemblée générale : une certaine maîtrise par les pays arabes
L’Assemblée générale est l’organe principal de délibérations des Nations Unies.
- De par leur appartenance à plusieurs groupes d’Etats (le groupe afro asiatique et le groupe des 77 : la plus grande coalition des pays du Sud), les pays arabes ont pu voir leurs intérêts représentés.
- Mais cette influence n’a que peut d’effet concret, puisque les résolutions de l’Assemblée sont dépourvues de force contraignante.
Le pouvoir décisionnel est attribué en réalité au Conseil de sécurité par l’article 25 de la charte des Nations Unies.

b/ Au sein du Conseil de sécurité : une absence quasi-totale des pays arabes
Le Conseil de sécurité est chargé de la responsabilité principale dans le domaine du maintien de la paix.
- A ce titre, il a le pouvoir de prendre des résolutions contraignantes qui s’imposent aux Etats et permettent d’engager la responsabilité internationale d’un Etat en raison de leur non application.
- Malheureusement, les pays arabes n’ont qu’une influence limitée au sein de cet organe.
En effet, celui-ci est maîtrisé par les cinq membres permanents (France- Etats-Unis, Royaume-Uni, Chine et Russie) dotés d’un droit de véto.
Certes, les pays arabes peuvent être élus parmi les 10 membres non permanents (comme c’est le cas actuellement du Qatar), mais seront dépourvus d’un droit de veto.
Cela revient sur le débat qui fait rage depuis plusieurs années pour réformer le Conseil de sécurité et admettre d’avantage de membres permanents (l’Egypte étant proposée par de nombreux pays).


2/ L’exemple de la déclaration sur la situation de crise à Gaza
Une des illustrations de cette influence limitée au sein de l’ONU est l’échec de l’adoption d’une déclaration sur la situation de crise à Gaza du 29 janvier dernier.
- En raison d’un désaccord irréconciliable de formulation du texte entre la Libye et les Etats-Unis, le Conseil de sécurité a due renoncer à publier une déclaration.

- Selon Giadalla Ettalhi, président du Conseil de sécurité, ce blocage doit être mis sur le compte de Washington.
La Ligue Arabe avait déjà proposé un projet de déclaration non-contraignante sur le problème de la crise humanitaire à Gaza, en raison de ce que M. Moubarak appelle le « siège israélien ».
Aux Etats-Unis de rétorquer que le cœur du problème n’est pas traité : "le putsch illégal réussi par les terroristes du Hamas contre le pouvoir légitime de l'Autorité palestinienne".



Ainsi, comme toujours au sein du Conseil de sécurité, il suffit qu’un des cinq s’oppose à une proposition pour que tout devienne caduque.

Et il n’est pas difficile de concevoir les motivations américaines dans cet échec…

mardi 22 janvier 2008

Qui est Michel Sleimane?


Le général Michel Sleimane (ميشيل سليمان) apparaît comme le candidat de compromis à l’élection présidentielle libanaise, et comme le plus apte à apaiser les tensions entre les 18 communautés que compte le Liban.

1/ Le général aimé et respecté
A 59 ans, Michel Sleimane a déjà acquis une forte popularité vis-à-vis de la population libanaise en tant que soldat.
- Les raisons en sont multiples : la neutralité de l’armée lors des manifestations de 2005 pour un retrait syrien du Liban ou lors des heurts chiites/sunnites début 2006, le redéploiement de l’armée sur tout le territoire libanais suite au retrait de l’armée syrienne, la victoire de Nahr el-Bared contre les islamistes du Fatah el-Islam en septembre 2007…
- Selon une source proche du général, il serait en outre derrière la refonte totale de l'armée, éclatée selon des clivages confessionnels au sortir de la guerre civile.
- Par ailleurs, "Sleimane est très respecté par les soldats, car il est proche d'eux et les défend", souligne Timor Goksel, ancien porte-parole de la Finul.

2/ Un « très bon arbitre »
- "Plus qu'un stratège militaire, le général est un fin tacticien, un bon diplomate. Il reçoit les politiciens de tout bord ainsi que les représentants étrangers ", assure M. Goksel. " Au Liban, le président est plus un arbitre qu'un grand décideur. Michel Sleimane est un homme posé. Je pense qu'il ferait un très bon arbitre".
- De plus il est notoirement considéré comme un homme "modeste et foncièrement honnête".

3/ D’obédience prosyrienne ?
- Promu chef d’état-major des armées en 1998 lorsque la Syrie contrôlait encore le Liban, détenteur de l’Ordre du Mérite syrien (grade d’excellence), engagé dans l’armée dirigée par le général Michel Aoun pendant la guerre civile et entretenant de bonnes relations avec le Hezbollah : que de bonnes raisons pour soupçonner le futur président d'être prosyrien
- C'est pour cela que sa nomination avait d’abord été rejetée par la coalition au pouvoir, souhaitant réduire l’influence de la Syrie. Mais cette nomination était la seule option viable.

La nomination du général Sleimane est censée être imminente (depuis 3 mois !) malgré le 12ème report de l’élection libanaise, et l’intervention du ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, et du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa.


Voir aussi:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Soule%C3%AFmane

dimanche 20 janvier 2008

Les enjeux d’une base française à Abu Dhabi



En vertu d’un accord de défense, signé par le ministre des Affaires étrangères des Emirats, Cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane, et le ministre français de la Défense, Hervé Morin, la France disposera d’une base interarmées (air, naval et terre) permanente de 400 à 500 personnels, à Abu Dhabi.
Selon le chef d’Etat-major particulier de président Sarkozy, Edouard Guillaud, "la base sera opérationnelle dans le courant de l’année 2009".

C’est une première pour la France qui ne disposait jusque là de bases que dans son ancien empire colonial (Sénégal, Côte d’Ivoire, Tchad, Gabon et Djibouti).

1/ La coopération militaire historique France/Emirats
En matière de coopération militaire, les Emirats ont toujours été tournés vers la France.
- Outre un accord de défense entre les deux pays depuis 1995, de nombreux exercices communs ont régulièrement lieu, et les Français n’hésitent pas en encadrer des brigades émirienne (comme c’est le cas au Kosovo).
- Mais cette complicité s’illustre le mieux dans le domaine des ventes d’armes : les Emirats se sont équipés d’avions Mirage et possèdent plus de chars Leclerc que l’armée française !

2/ Protection de la route des hydrocarbures
- L’objectif annoncé par la présidence française est d’assurer la sécurité des routes maritimes pétrolières : « C'est la première base militaire française dans le Golfe, elle fait face au détroit d'Ormuz par où transite 40% du pétrole mondial, d'où son intérêt stratégique ».
- A noter d’ailleurs que la France dispose déjà d’une base permanente à Djibouti, sur les rives du Golfe d’Aden, dans ce même but.

3/ Concurrence ou aide aux américains
Mais la question qui se pose par certains est l’objectif géopolitique recherché par rapport au déploiement américain dans la région.
En effet, le poids de Washington y est écrasant : Bahreïn accueille l'état-major de la Ve flotte, le Qatar le QG du Central Command et le centre d'opérations aériennes (CAOC) d'où sont gérés tous les avions alliés qui bombardent en Irak et en Afghanistan, et le Koweït de gigantesques bases terrestres. Sans compter des facilités aériennes aux Émirats (à Al Dhafra, près d'Abu Dhabi) et à Oman.
La présence militaire française inquiète donc, notamment depuis l’annonce de la création d’un « Saint-Cyr Qatar ».

4/ Le positionnement face à l’Iran
- Depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence, la France a durci sa position face à l’Iran.
- Selon certains, « en cas de conflit dans la région, la France se trouvera quasi automatiquement impliquée dans la bataille ». A cela s’ajoute la présence de plus en plus importante des forces françaises en Afghanistan.
- Mais rien n’est encore joué. En effet, les monarchies pétrolières ménagent les Occidentaux et l’Iran pour éviter de prendre position.
Et il est probable que certains de ces Etats refuseront l’utilisation de bases occidentales sur leur territoire pour attaquer l’Iran (cf notamment la position du Qatar à ce sujet, dans l’accord de défense établit avec les Etats-Unis).

samedi 3 novembre 2007

« Le Hezbollah peut frapper Tel-Aviv »



Cette affirmation soutenue par Israël et révélée dans un rapport de l’ONU, vient confirmer les craintes de certains Etats qui voit en ce parti représentant la majorité des chiites libanais, une organisation terroriste (Etats-Unis, Israël, Canada).
La résolution 1559, présentée par les Etats-Unis et la France au Conseil de sécurité des Nations-Unies exigeait, outre le retrait syrien, un désarmement effectif de toutes les milices.
Mais comme a pu le constater Terje Roed Larsen, l’envoyé spécial de l’ONU, le désarmement du Hezbollah « ne figure pas, à ce stade, sur mon agenda », bien au contraire…

1/ L’acquisition de missiles à longue portée
- Selon les propos du gouvernement israélien, le Hezbollah s'est doté de "nouvelles fournitures de missiles, y compris des centaines de missiles de génération Zelzal et Fajr (de fabrication iranienne), qui ont une portée de 250 km", leur permettant désormais "d'atteindre Tel-Aviv et des secteurs plus au sud".
Or, ces missiles sont stationnés hors de la zone de déploiement de la Finul (au Nord du fleuve Litani).
- Le parti de Nassan Nasrallah aurait aussi "triplé le nombre de ses missiles antinavire C-802 (de fabrication chinoise) et établi une unité de défense antiaérienne armée de missiles sol-air".

Ces révélations sont d’autant plus inquiétantes, à l’heure où les Etats-Unis et Israël étudient les possibilités d’attaque de l’Iran.

2/ Les conséquences préjudiciables en cas d’attaque de l’Iran
L’Iran bénéficie de liens très étroits avec le Parti de Dieu, et serait même en mesure de l’influencer au plus haut point.
- Bien que le Hezbollah se veuille de plus en plus un mouvement nationaliste, il ne peut se démarquer de sa filiation originelle à l’Iran (issu de l'idéologie développée par Rouhollah Khomeini).
Ainsi, à l’occasion du premier anniversaire de la Guerre du Liban de 2006, son secrétaire général a affirmé que son organisation avait "combattu pour l’Iran".
- Par ailleurs, l’Iran serait avec la Syrie, la principale source de financement du groupe, et lui fournirait la quasi-totalité de son armement.


Ainsi, il n’est pas difficile d’imaginer l’action du Parti de Dieu si l’Iran venait à subir une attaque israélo-américaine.

samedi 20 octobre 2007

L’esclavage dans les pays arabes : histoire ou actualité ?



Définie comme « la possession des hommes à l’égal des autres biens meubles », La pratique de l’esclavage était déjà très répandue, dans les pays arabes, à l’époque du prophète, qui était lui-même esclavagiste.

En effet, le Coran légitime la pratique coutumière arabe de l’esclavage et fixe le premier statut juridique des esclaves.
- Il définit ainsi les règles en matière de mariage avec des femmes esclaves (IV;3 et IV;25).
- Il pose des règles de conduite pour les esclaves (XXIV;58).
- Et déconseille même d’être généreux avec ses esclaves (XVI;71).

L’esclavage a été définitivement abolit en 1963. Pourtant, certains Etats arabes continuent à le pratiquer, malgré les pressions internationales.

1/ Au Sud-Soudan
Les populations noires du Sud-Soudan sont réduits en esclavage par les islamistes arabes du Nord.
- Bien avant les rapports de l’UNICEF et de l’organisation Christian Solidarity International de 2000, signalant la présence d’environ 100.000 esclaves (notamment des femmes et des enfants) sur le territoire soudanais, plusieurs rappels à l’ordre contre le régime de Khartoum avait déjà eu lieu.
- Déjà en 1992, les organisations internationales avaient fait front commun pour condamner le Soudan pour violation des droits de l’Homme et pratique de l’esclavage.
- La lettre de condamnation de Boutros Ghali rappelait de même la pratique de l’enlèvement des enfants et l’esclavage comme pratique génocidaire.
Par la suite, plusieurs rapports de l’ONU sont venus confirmer ces pratiques et constater leur persistance…

Et de nos jours, ne parlons même pas de la situation au Darfour

2/ En Mauritanie
L’esclavage a été aboli en Mauritanie, pour la 3ème fois en 1981.
- Les deux premières décisions étaient toutes implicites (décret colonial français de 1905 et première constitution de 1960).
Seulement, à ce jour, aucune des mesures n’a encore été assortie de procédures d’exécution ou de sanctions pénales.
- Par ailleurs, la loi contre la traite des personnes et des organes de 2003, ne mentionne aucunement le terme « esclavage ».
- Les affaires se multiplient et nombre d’organisations ne cesse de les dénoncer (SOS Esclaves en Mauritanie, Amnesty International…).
- La plupart des estimations situent le nombre d’esclaves vivant en Mauritanie aux alentours de 30% de la population

3/ Dans la péninsule arabique
Dans cette région du Moyen-Orient, la sharia demeure appliquée de manière assez stricte (malgré les évolutions récentes). Les princes se permettent donc de perpétuer l’esclavage, sous couvert du droit musulman.
Des affaires sont périodiquement révélées et font scandale. Mais la situation subsiste toujours.

4/ En Arabie Saoudite
- De même, au nom de l’intangibilité de la norme coranique, l’Arabie Saoudite ne voulait pas légalement abolir l’esclavage.
- En 1964, 4000 esclaves étaient présents dans le royaume. Sous la pression américaine, le roi les a affranchis.
- Seulement, encore maintenant, quelques 7 millions de travailleurs étrangers vivent dans des conditions similaires… (voir à ce sujet le rapport de Human Rights Watch).


A rappeler enfin qu’en Europe, les principaux cas d'esclavage moderne sont signalés au domicile de diplomates ressortissants de pays arabo-musulmans, couverts par l’immunité diplomatique.