dimanche 20 janvier 2008

Les enjeux d’une base française à Abu Dhabi



En vertu d’un accord de défense, signé par le ministre des Affaires étrangères des Emirats, Cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane, et le ministre français de la Défense, Hervé Morin, la France disposera d’une base interarmées (air, naval et terre) permanente de 400 à 500 personnels, à Abu Dhabi.
Selon le chef d’Etat-major particulier de président Sarkozy, Edouard Guillaud, "la base sera opérationnelle dans le courant de l’année 2009".

C’est une première pour la France qui ne disposait jusque là de bases que dans son ancien empire colonial (Sénégal, Côte d’Ivoire, Tchad, Gabon et Djibouti).

1/ La coopération militaire historique France/Emirats
En matière de coopération militaire, les Emirats ont toujours été tournés vers la France.
- Outre un accord de défense entre les deux pays depuis 1995, de nombreux exercices communs ont régulièrement lieu, et les Français n’hésitent pas en encadrer des brigades émirienne (comme c’est le cas au Kosovo).
- Mais cette complicité s’illustre le mieux dans le domaine des ventes d’armes : les Emirats se sont équipés d’avions Mirage et possèdent plus de chars Leclerc que l’armée française !

2/ Protection de la route des hydrocarbures
- L’objectif annoncé par la présidence française est d’assurer la sécurité des routes maritimes pétrolières : « C'est la première base militaire française dans le Golfe, elle fait face au détroit d'Ormuz par où transite 40% du pétrole mondial, d'où son intérêt stratégique ».
- A noter d’ailleurs que la France dispose déjà d’une base permanente à Djibouti, sur les rives du Golfe d’Aden, dans ce même but.

3/ Concurrence ou aide aux américains
Mais la question qui se pose par certains est l’objectif géopolitique recherché par rapport au déploiement américain dans la région.
En effet, le poids de Washington y est écrasant : Bahreïn accueille l'état-major de la Ve flotte, le Qatar le QG du Central Command et le centre d'opérations aériennes (CAOC) d'où sont gérés tous les avions alliés qui bombardent en Irak et en Afghanistan, et le Koweït de gigantesques bases terrestres. Sans compter des facilités aériennes aux Émirats (à Al Dhafra, près d'Abu Dhabi) et à Oman.
La présence militaire française inquiète donc, notamment depuis l’annonce de la création d’un « Saint-Cyr Qatar ».

4/ Le positionnement face à l’Iran
- Depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence, la France a durci sa position face à l’Iran.
- Selon certains, « en cas de conflit dans la région, la France se trouvera quasi automatiquement impliquée dans la bataille ». A cela s’ajoute la présence de plus en plus importante des forces françaises en Afghanistan.
- Mais rien n’est encore joué. En effet, les monarchies pétrolières ménagent les Occidentaux et l’Iran pour éviter de prendre position.
Et il est probable que certains de ces Etats refuseront l’utilisation de bases occidentales sur leur territoire pour attaquer l’Iran (cf notamment la position du Qatar à ce sujet, dans l’accord de défense établit avec les Etats-Unis).

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