Jihad défensif et Jihad terroriste

Comme nous l’avons précédemment vu, le Jihad qui à l’origine était un Jihad moral, s’est transformé au fil des siècles en Jihad défensif, puis en Jihad offensif.
Désormais, ces deux derniers types de Jihad coexistent, se chevauchant dans certains cas, ou au contraire se piétinant. De manière général, le Jihad défensif est assimilé à un Jihad national, alors que le Jihad offensif recouvre un ensemble beaucoup plus vaste : Jihad global.

1/ Création d’un Jihad global sur la base du Jihad national
Le Jihad, professionnel dans les premiers temps, va être repris par les peuples, pour créer un Jihad défensif national.
Il se traduit notamment par la résistance algérienne pour repousser les français au début des années soixante (le FLN d’Abd El Kader), ou par la résistance tchétchène dans le Caucase contre l’armée tsariste.
Le fond est ici commun : refoulement de l’envahisseur, l’occupant, par le peuple, au nom de l’Islam.
Ce jihad défensif, national, sera repris par la suite lors de l’invasion de l’Afghanistan en 1979, par tout le peuple afghan (avec à sa tête le Commandant Massoud), contre l’Armée Rouge.
C’est sur ce théâtre qu’Oussama Ben Laden, envoyé par son père du côté du Jihad défensif afghan, fit son apparition. Seulement, le chef d’Al Qaïda n’y voyait pas seulement une lutte contre l’occupant soviétique, mais une lutte contre le système occidental dans son ensemble.
Il décide donc de créer parmi les pays arabes une base sûre d’où partira tout le Jihad. Al Qaïda voit plusieurs pays: l’Afghanistan au départ, l’Irak ensuite.
Après que Ben Laden soit expulsé d’Arabie Saoudite et déchu de cette nationalité (à la suite des attentats de 1995-96), il proclame le Jihad à l’Amérique pour la libération de Médine de l’occupation américaine.
Il pousse les américains à revenir en Afghanistan, avec les attentats du 11 septembre, en pensant qu’ils seront battus comme l’armée russe. Seulement, éliminer Massoud n’a pas suffit à supprimer tout Jihad territorial. Les américains laisseront ce dernier se développer et traquer et tuer les « jihadistes globaux ».

2/ Irak : « la terre des trois Jihads »
Al Qaïda est sortie très affaiblie de la guerre en Afghanistan, mais a subi une forte renaissance suite à la « grâce divine » : l’invasion américaine en Irak.
L’Irak voit alors trois Jihads se mettre en place :
- Un Jihad chiite : Jihad défensif, de survie, très marqué par la répression et les massacres de Saddam Hussein ; mais aussi un Jihad de revanche, pour reprendre le pouvoir.
- Un Jihad sunnite : Jihad de libération voulant le départ des américains (Jihad nationaliste).
- Un Jihad de la Qaïda : Jihad global, offensif (intègre par la suite Zarquaoui).
Ces trois Jihads sont très tôt en conflit. En effet, Zarquaoui fait notamment sauter en février 2006 le mausolée de deux califes pour entraîner une guerre civile chiite/sunnite.

3/ Répartition actuelle des Jihads
De nos jours, les principaux endroits du Jihad sont :
- Territoires palestiniens : Jihad national (opposé à Al Qaïda) : Hamas
- Liban : Jihad national (opposé à Al Qaïda) : Hezbollah
- Maghreb : Jihad national à la base mais se tournant vers la Jihad global (entrée du GSPC (Groupement salafiste pour la prédication et le combat) dans la Qaïda: "Al Qaïda pour le Maghreb").
- Irak : trois Jihads
- Tchétchénie : Jihad national avec une montée en puissance d’un Jihad global (ex : prise d’otage dans le théâtre russe).
- Cachemire…

Ainsi, il existe de nombreuses tensions entre un Jihad qui exporte son terrorisme et toute une série de combats locaux.

Dès lors, faut-il placer au même plan ces deux types de Jihad et considérer qu’ils sont tous terroristes ?
La résistance du Hezbollah et du Hamas contre l’occupant israélien, par exemple, n’a-t-elle pas une base légitime ?