samedi 2 juin 2007

Jusqu’où ira Damas pour empêcher la création d’un TPI?



Alors que le conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à adopter une résolution créant un tribunal pénal international appelé à juger les auteurs de l’attentat de l’ancien premier ministre libanais, Rafic Hariri, ainsi que 22 autres personnes, la Syrie se sent directement menacée.
En effet, la longue enquête menée depuis 2005 avait permis de mettre en cause l’entourage du président syrien Bachar al-Assad et la responsabilité de ses services de renseignement.


Ainsi, jusqu’à quel point Damas pourra-t-il aller pour empêcher la création du TPI ?

1/ Ses alliés au conseil de sécurité
- Quel serait la meilleure façon d’empêcher la création du TPI si ce n’est en empêchant l’adoption de la résolution du conseil de sécurité ?
- En effet, il semblerait que les trois pays auteurs du projet de résolution (France, Etats-Unis, Royaume-Uni) ne peuvent pas compter sur les neuf voix (sur quinze), nécessaires à l’adoption du texte.
- La Russie et la Chine en tête de file ne se sont pas privées d’exprimer des réserves afin de protéger un allié stratégique dans cette partie du monde fort convoitée. Nul n’est besoin de rappeler les liens étroits et les intérêts en jeu dans ces ententes tacites.
- Suivent ensuite l’Afrique du Sud, le Qatar, l’Indonésie, le Panama

2/ Bloquer le projet au Parlement libanais
- Bien que jamais revendiqué officiellement, la mouvance chiite, et notamment son bras armé, le Hezbollah, est soupçonnée d’entretenir d’étroites relations avec la Syrie.
- Rien d’étonnant dans ce cas de constater que l’alliance entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre (du Général Aoun) ait réussi à bloquer le projet de création du TPI au sein du Parlement.

3/ Déstabiliser le Liban
- Alors que le ministre syrien des affaires étrangères, Walid Mouallem, avait estimé que l’imposition d’un tel tribunal « menaçait la sécurité du Liban », les attentats sont venus secouer le pays du Cèdre les jours suivants.
- L’un des évènements le plus marquant est sans doute l’embrasement du camp palestinien de Nahr al-Bared, imputable au Fatah al-Islam (sans aucun lien avec le Fatah de Mahmoud Abbas).
- Il apparaît indiscutable que ce mouvement a été actionné par Damas. A ce titre, la ministre libanaise des affaires sociales, Nayla Moawad, considère le Fatah al-Islam comme « une faction manipulée par Bachar al-Assad ».


Mais la question demeure: le Fatah al-Islam, d’obédience salafiste djihadiste est-il réellement lié à Al Qaïda ?
La Syrie en serait-elle arrivée à demander l’aide de la Qaïda pour rétablir son autorité sur le Liban ?



1 commentaire:

Regard sur les Etats-Unis a dit…

En effet la création du tribunal spécial a reçu un accueil plus que mitigé. La résolution 1757 du Conseil de Sécurité de l'ONU portant sur la création du Tribunal Spécial devant juger les assassins de Rafic Hariri a été soutenue par la France et par certains journaux Libanais comme Ah-Nahar. Néanmoins la presse d'opposition prosyrienne dénonce la mise sous tutelle du Liban par la communauté internationale. Afin de calmer les tensions entre communautés, le premier ministre Fouad Siniora a précisé que le tribunal n'est dirigé contre personne et en particulier pas contre la Syrie. Cependant, ces déclarations ne devraient pas pour autant rassurer la Syrie...